Tranche d'ortie

Publié le par Poulpette

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Me voici donc installée dans mon nouveau Bocal tout rangifié par la tornade maternelle. Le salon est habitable, y'a plus qu'à trier la chambre histoire qu'elle semble un peu moins encombrée. Pour ça, on pourrait acheter des boites et les ranger dans l'étagère du salon, sauf que le Koala est parti ce matin au lycée, et qu'il a encore mes clés de voiture. Et le GPS. Et que le seul magasin que je connaisse, c'est l'Intermarché à 800m mais y'a pas grand chose, c'est un magasin minuscule. Ca laisse prévoir une incursion dans un centre commercial.

Nous sommes donc partis de Bordeaux dimanche matin aux aurores (enfin à 7H50 mais vous  devez me connaître un peu depuis le temps, avant midi c'est tôt, avant 10H c'est dur, et avant 9H c'est le bout du monde, le Poulpe n'aime pas le matin, ni le soleil, ni les bestioles mais ça c'est une autre histoire). Qu'il est doux de partir en voyage avec ses parents et le GPS, vers l'inconnu et au-delà, la tête encore embrumée et les petits yeux agressés par la luminosité du dehors. Quoique... Le GPS de mon père mérite la mention spéciale de la péniblerie avec sa voix hachée et sa manie d'avertir à l'avance du moindre évènement. 
"Au rond point...  prenez la ... deuxième à droite ... dans 3 ... km"
"Au rond point ... prenez  la ... deuxième à droite dans ... 500... mètres"
"Au rond point...  prenez la ... deuxième à droite ... dans 200 ... mètres"
"Au rond point...  prenez la ... deuxième à droite ?" (oui, à la dernière elle a toujours une intonation interogative, comme si elle attendait notre aprobation, ou une tape sur la tête, ou un "merci", d'ailleurs en général je lui réponds, mais elle a pas l'air de m'entendre)

Ca serait moins pénible si elle ne buttait pas sur chaque mot et si elle n'avertissait pas autant. Vu que le temps qu'elle débite son truc, à 200 mètres par exemple, on est déjà sur le rond point en question, on a pas besoin qu'elle le rappelle une 4ème fois. Bref elle tape un peu sur le système la madame enfermée dans la petite boite. Et en plus elle raconte n'importe quoi. Aprés le repas, j'ai cessé de lutter contre ma nature de marmotte et me suis vautrée sur la banquette arrière, juste assez longue pour que je m'étende complètement, calée entre la glacière et le dossier, un vrai petit nid à Poulpe, et j'ai dormi sitôt mes petits yeux fermés. Jusqu'au "Mais tourne enfin! je t'ai dit de prendre celle la, Où est ce que tu vas?" de ma mère, qui mettait en doute la pertinence de l'itinéraire de la machine d'une voix puissante (ouais, mon papa l'est sourd d'une oreille faut parler fort, en plus sa bonne oreille est pas du bon coté ça aide pas, et tant pis si ça réveille le Poulpe en sursaut et qu'il se tape la tête au rouleau de lino posé en équilibre au dessus de lui, heureusement que le lino c'est mou). Bref, le GPS c'est bien, mais rien ne vaut une bonne carte papier, une paire de lunettes solaires à votre vue et un peu de bon sens pour aller d'un point à un autre. Ce matin ils ont décidé d'aller au Mont Saint Michel, et mon père, fan de son gadget, voulait programmer la destination, ce qui a énervé ma mère vu qu'elle n'avait pas d'adresse précise à lui soumettre, juste qu'elle voulait aller plus ou moins dans la direction de la bretagne et qu'ils aviseraient en route. Mais les hommes aiment la précision, et il tenait absolument à une adresse, elle lui a donc balancé un "12 rue des marchands, Mont Saint Michel", je crois que c'était pas à prendre au pied de la lettre...

Hum et pour donner une touche humiliante à cet article je me dois de relater un épisode peu glorieux de ce périple. Le midi, cédant enfin à la pression du "J'ai faim j'ai faim j'ai faim j'ai faim..." poulpesque (plan d'urgence anti-fringale déclanché dés 11H05 vu que je n'avais pas déjeuné, ouais, je déjeune peu le matin et encore moins quand il est question de faire de la route, histoire d'éviter d'être malade, alors j'aurais adoré boire le chocolat chaud préparé par ma Frangine qui a fait l'effort de se lever pour dire au revoir, ou plus simplement pour vérifier qu'on déguerpit bien et qu'elle a la maison pour elle toute seule tout le mois de septembre mais j'avais peur de  ne pas le supporter, pi de toute façon un mammifère adulte n'est pas censé boire de lait, c'est une conspiration du lobby laitier et des industries agroalimentaires pour nous forcer à avaler des trucs dont notre corps n'a pas besoin, pardon je m'égare...) Bref, à midi nous avons fait une halte dans une aire de repos de base histoire de me faire taire. Une aire de repos de base c'est un parking avec une table et des bancs en béton, une barraque à frites (miam) et c'est tout. Pas de toilettes. Or un Poulpe a besoin d'aller aux toilettes toutes les deux heures en temps normal. Certes on peut repousser ça de quelques heures, mais 8H sans boire ni aller aux toilettes c'est invivable (oui, sans boire, sinon comment voulez vous que je me retienne? et une journée sans boire alors que je suis habituée à écluser un bon litre, c'est dur). Donc une halte sanitaire fut votée. Seulement voilà, j'ai des parents moins regardants que moi quant aux conditions de confort. J'ai donc été invitée à me débrouiller dans un recoin de forêt, ce que je me suis résolu à faire, ma vessie insistant pour que je cesse d'argumenter en faveur d'une hypothétique station service, et franchement qui suis-je pour tenir tête à une vessie aussi tétue franchement? Donc me voilà partie dans un petit chemin, slalomant entre les orties et autres ronces pour trouver un coin tranquille. Sauf que... J'aurais du regarder où je mettais, non pas les pieds, mais plutôt mon postérieur. Ouais, zavez deviné, j'me suis vautrée sur un bouquet d'orties fraiches. Bilan des courses, une vessie folle de joie d'être libérée, et une fesse droite folle de rage et certainement couverte de ces petits boutons rouges si urticants que l'ont doit à un bisou d'ortie. Bref, durant une bonne partie de la suite du trajet, ça m'a brûlé, gratté,rebrûlé. Pourtant ça peut être glamour l'ortie, la preuve avec le conte de la princesse qui a ses frères transformés en cygnes et qui tricote des pulls en fil d'ortie récoltée un soir de pleine lune à minuit dans un cimetière pour les sauver du maléfice jeté par leur belle mère, et qui finit par épouser un prince. Moi j'ai juste eu un Koala qui s'est fichu de moi quand je lui ai raconté mes mésaventures. Pour la version complète du conte c'est par là.

Je déteste la nature. Et visiblement elle me le rend bien.

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