Tranche écrite dans le noir (ou presque)
Il n’est même pas 20h et je n’ai qu’une envie, aller dormir. Mais comment est-ce diantre possible vous demanderez-vous, sachant que le Poulpe a des habitudes nocturnes bien connues ? J’en suis toute retournée moi-même. Je vous ai dit que j’ai repris le tricot ? J’ai entamé un truc aussi large que je suis haute (bon ok pas tout à fait vu que mes aiguilles ne font que 40cm, mais une fois étalé, ça aura ma taille), et je sais pas encore quelle longueur je vais lui donner, ça dépendra de ma patience en fait (et de mon stock de pelotes, mais pour ça je m’en fais pas, j’en ai un plein panier). Bref aujourd’hui j’ai passé la journée stores baissés à tricoter et lire, ce fut captivant. Heureusement que mon pote le voisin fou avait décidé de reprendre sa perceuse, sinon j’me serais ennuyé. Mais pourquoi se terrer dans le noir et le quasi silence tel un immonde cafard ? Figurez-vous que le Poulpe est malade, oui, malade, avec la pile de kleenex, le nez en patate, le crane trop petit de deux tailles pour la cervelle qui va dedans, le tournis en se levant, le soleil qui agresse des petits yeux innocents, bref le Poulpe est enrubé et c’est peu plaisant même pour un animal aussi pénible. Le point positif c’est que respirer m’occupe tellement que j’en oublie de manger. Mais pas de boire, histoire de réanimer ma pauvre gorge changée en papier de verre à force de respirer à la place de mon nez.
J’ai pas été travailler. Hors de question de me frotter à ce petit nid à germes. Non en fait c’est juste que j’étais vraiment pas assez en forme pour conduire, l’écouter babiller (d’habitude c’est mignon tout plein, mais là ça m’aurait transpercé le cerveau comme une poignée de vilaines petites aiguilles), me baisser et me relever cent fois sous divers prétextes (suicide de doudou du haut de la table à langer, récupération d’objets variés sous le canapé et autres puzzles en bois qui miaulent, meuglent et aboient quand on met la pièce en bois dans son emplacement). Pas de panique, j’ai prévenu les parents, chuis pas un monstre non plus, enfin pas trop. Ce soir je vais me faire un fromage blanc avec des fruits de la passion (j’adore croquer ces petites graines, ça m’éclate, alors que le Koala lui, il déteste ça, ça tombe bien, ça en fait plus pour moi) et aller au lit. Et exiler le Koala et ses 412 000 copies à corriger sur le canapé. Sous prétexte de lui éviter la contagion et le douloureux spectacle d’un poulpe ronfleur, je vais hériter de la totalité du lit avec ses draps tout propres d’aujourd’hui. Hier j’ai presque dû lui taper dessus pour qu’il ramasse ses jambes, il encombrait mon coté du lit façon étoile de mer. L’animal marin de ce couple c’est moi, que ça soit clair pour tout le monde. Je suis la seule à avoir le droit de faire l’étoile de mer. Et la seule à savoir le faire avec l’élégance qui me caractérise.
Tout ceci n’empêche pas mon régime d’être efficace. Oui c’est vrai, je m’étais promis de pas m’étaler dessus en dehors des articles « bilan ». Mais j’y peux rien, j’y pense en permanence en ce moment. Ça faisait 18 jours ce matin, ce qui en soi est une chose assez surprenante pour la souligner. Ça faisait un moment que j’avais pas tenu une discipline aussi ferme aussi longtemps. Et ça marche, 3,6kg au compteur jusqu’à présent, ça commence bien. Yapuka tenir sur la distance, perdre 10kg minimum, et si j’suis pas morte d’épuisement et d’ennui d’ici là, je continuerai jusqu’à atteindre le poids que je faisais avant de gonfler comme une baudruche, poids que j’avais atteint sans même y penser, sans faire d’effort. Parfois je me demande si j’arriverai à maintenir les bénéfices de toutes ces privations, l’angoisse s’empare de moi, puis je me dis que c’est pas encore le moment d’y penser, pas besoin de se décourager en se disant que tout ça n’aura servi à rien si je reprends tout dés que je recommence à manger plus de 800 calories par jour. J’y penserai en temps utile, c'est-à-dire si jamais j’arrive à mon objectif. Le Koala trouve déjà que j’ai minci du visage, c’est encourageant.